A savoir

Accepter ou refuser ? telle est la question !

Accepter ou refuser

Lors d’une demande d’interview, la première question qui se pose est : faut-il accepter ou refuser ? Notre conseil, sauf exception, est de dire oui.

Un journaliste vous appelle pour participer à une émission, être interviewé pour son journal, ou être invité à la radio. Une demande rare pour la majorité des chercheurs, qui vient bousculer son quotidien déjà bien rempli. Le premier réflexe, si l’on ne connaît pas le journaliste ou l’émission, peut être de décliner. Ce serait dommage.

Informer les citoyens

La première raison est citoyenne : dans une démocratie, il est crucial que chacun soit informé au mieux, notamment sur les questions scientifiques et techniques qui ont des répercussions importantes sur nos vies. Or, vous êtes probablement la meilleure personne pour parler du sujet que le journaliste souhaite aborder. Si ce professionnel vous a choisi, ce n’est pas par hasard.

Bien-sûr, le sujet  peut ne pas être tout à fait votre domaine de recherche (soyons honnêtes : il est très rare d’avoir l’occasion de parler de ses toutes dernières recherches dans un média grand public), il est probablement dans votre domaine de compétence. Si vous pensez qu’une autre personne est plus légitime que vous sur ce sujet, vous pouvez suggérer son nom au journaliste, mais ne pêchez pas non plus par excès de modestie : vos connaissances sont sûrement suffisantes pour expliquer au grand public.

Financements

L’autre raison d’accepter est plus pragmatique : cela peut être utile à votre laboratoire, et à vous-même. Bien-sûr, un financement ou une promotion ne découle pas directement d’un passage à la télévision ou d’une interview pour un grand quotidien. Mais la médiatisation a des effets non négligeables : cela vous fait connaître de certains financeurs, d’industriels, de chercheurs d’autres domaines…

Un chercheur en tribologie de l’Ecole centrale de Lyon a ainsi obtenu d’importants financements d’un industriel des cosmétiques, suite à un reportage sur sa machine à mesurer la rugosité d’une surface. On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise grâce aux journalistes !

Messages nuancés

Il se peut que vous n’aimiez pas la manière dont le sujet est abordé, loin des standards académiques. « Pour ou contre les vols habités », par exemple, peut paraître trop tranché au spécialiste du spatial. Mais cela ne vous empêchera pas de faire passer vos messages plus nuancés.

Il se peut aussi que vous n’appréciez pas d’autres personnes invitées, aux positions scientifiques douteuses. Mais mieux vaut que ce soit vous, spécialiste, qui vienne apporter la contradiction, plutôt qu’un beau parleur voire un pseudo-scientifique. Vous n’avez pas la main sur la manière dont une émission est menée, mais vous maîtrisez ce que vous allez dire, et c’est ça qui est important.

S’informer sur l’émission

Néanmoins, il ne faut pas non plus accepter les yeux fermés. N’hésitez pas à demander 20 minutes de réflexion. Demandez au journaliste son nom, le nom de son émission ou de son journal, et allez voir ce qu’il a déjà réalisé ou écrit. On retrouve facilement ces informations en les tapant dans un moteur de recherche, et on s’aperçoit alors rapidement du sérieux et de style du journaliste. Il est alors possible de prendre une décision éclairée.

N’hésitez pas non plus à demander combien de temps cela vous prendra, notamment si vous êtes contacté pour un documentaire. C’est en effet un critère important pour les chercheurs, si accaparés par de multiples tâches.

S’appuyer sur les services communication

Vous pouvez aussi vous appuyer sur le service communication ou  le service de presse de votre organisme de recherche. Ce sont des spécialistes et ils connaissent bien le fonctionnement des médias. Ils sauront vous conseiller non seulement sur le fait d’accepter ou pas, mais aussi sur la manière dont cela se passe, et sur le niveau de vulgarisation nécessaire. Attention cependant à garder la main sur votre message, et à ne pas devenir le porte parole institutionnel de votre organisme.

Néanmoins, il existe quelques cas où il faut refuser. Si vraiment vous ne vous sentez pas à l’aise, pas légitime, ne vous forcez pas : vos réticences risqueraient d’être visibles à l’écran. La question se pose aussi pour les émissions de divertissement, qui peuvent certes être de bons moyens de faire passer de la science vers un grand public au départ peu réceptif, mais qui demandent une bonne maîtrise du jeu médiatique. Mais en dehors de ces cas, nous vous suggérons de foncer : ce n’est pas tous les jours que vous aurez l’occasion de parler de ce qui vous passionne devant des millions de personnes !

Cécile Michaut